Défense d’aimer
Hélène Simart— Allô ! Vous m’entendez ?
Tremblante, Corinne reprit l’appareil. À tout prix, savoir. Se faire confirmer la terrible nouvelle.
— Comment est-ce arrivé ? Je suis sa sœur ; parlez sans ménagements !
— Elle a pris trop de somnifère et ne s’est pas réveillée. Elle était très nerveuse, depuis quelques jours. C’est le cœur qui a lâché, a dit le médecin…
— Qui êtes-vous ?
— La gardienne, Mme Leroux. C’est moi qui l’ai découverte. J’ai tout de suite appelé le docteur, mais il était trop tard…
Trop tard… Deux affreux petits mots qui sonnaient le glas du désespoir.
Lentement, Corinne raccrocha. Pendant quelques miséricordieuses secondes, la douleur l’anesthésiait. Elle ne souffrait pas. Pas encore. Le réveil serait terrible. Il en est ainsi dans les grands traumatismes, qu’ils soient physiques ou psychiques. Est-ce que ça fait mal, sur le moment, une dague plongée en plein cœur ? Pendant un court instant, l’âme se réfugie dans un univers léthargique de drogué.